Scène 1 : Bloc opératoire
Christian : Marqueur. Merci. Scalpel. Pouce.
Liz : Tondeuse?
Christian : Broyeuse à épluchures. C'est un plombier. Une surtension, et il se retrouve avec un moignon.
Liz : Et les urgences?
Christian : Il fait une phobie. Il a attrapé un staphylocoque à l'hôpital l'an dernier. Il est venu à l'improviste. J'apprécie le fric à l'improviste. Maestro, musique, s'il vous plaît ………….
Linda : Tu as perdu combien?
Liz : 7 kilos. J'élimine en ce moment même. Régime Atkins.
Christian : Vous pouvez arrêter vos cancans? J'essaie de me concentrer.
Liz : Concentre-toi un peu plus, Christian. Tu les as inversés. Oh, mon Dieu. Tu as placé l'index à la place du majeur.
Christian : Ce n'est pas vrai.
Liz : Si, Christian. Son majeur est plus grand, regarde l'autre main. Le majeur est plus long que l'index.
Christian : Liz, tu t'es pas fait opérer des yeux?
Liz : Il y a 15 jours.
Christian : Tu devrais y retourner.
Liz : C'est n'importe quoi. Je vais chercher Sean ………………
Christian : Salut, papa, je te rends ta bagnole?
Sean : Seigneur.
Christian : Quoi?
Sean : Liz a raison. Tu lui as inversé les doigts.
Christian : Pour deux millimètres, je ne vois pas...
Sean : C'est le problème. Non seulement tu ne vois pas ton erreur, mais tu fais tout pour te justifier.
Christian : Je vais réparer ça.
Sean : Non, je vais le faire. Tu peux aider.
Christian : C'est mon patient.
Sean : Qui est sous anesthésie depuis 4 heures. On lui en met pour huit heures, ou tu ravales ta fierté, et je le fais en six?
Liz : Au moins, le pouce est au bon endroit.
Sean : Lame 15.
Scène 2 : Salle de repos
Sean : Prie pour ne pas avoir de microchirurgie pour le renouvellement de licence. Ca a été difficile ce mois-ci. Le curé, l'incident Kimber, tu as besoin de vacances.
Christian : Ne me cherche pas d'excuses, Sean. Disons à voix haute ce que nous savons depuis toujours. Comme chirurgien, je suis à chier. Pourquoi veux-tu rester mon associé, au fait?
Sean : Je suis fier de ce qu'on a créé à partir de rien. Nous sommes des autodidactes. C'est toi qui l'as dit il y quelque temps, on va bien ensemble. Toi, tu planifies...
Christian : Et toi, tu as le talent. Ca fait des années qu'on en vit tous les deux, et tu le sais. J'étais dans les derniers de la promo, Sean. Je n'aurais jamais réussi, si tu ne m'avais pas aidé, et insisté jusqu'à ce que j'apprenne mes cours. Mais je n'ai jamais appris le métier. Je ne suis qu'un imitateur. Un perroquet avec un scalpel. Encore pire. Je suis comme Bobolit, en mieux habillé. Je ne suis bon à rien. Ni en amour, ni professionnellement. Je n'ai que mon sourire et un argumentaire efficace.
Générique
Scène 3 : Cabinet Cancérologue
Cancérologue : J'ai vérifié votre Q-TWiST.
Megan : Mon quoi?
Cancérologue : Votre Q-TWiST. C'est une méthode qui mesure la durée de vie comparée à la qualité de vie du patient. Qualité de vie sans symptômes ni toxicité. En anglais : Q-TWiST.
Megan : Très intelligent.
Cancérologue : Et utile. C'est ainsi que nous déterminons si un traitement alternatif est pertinent.
Sean : Si? Il n'y a pas de ''si'' sans ''alors''. Si la tamoxifène ne marche pas, alors il y a autre chose. Tests expérimentaux, tests cliniques. Je suis médecin. J'userai de tout mon pouvoir.
Cancérologue : Dr McNamara, quand vous comparez la durée de vie de la patiente et son état de santé clinique...
Sean : La patiente se prénomme Megan.
Cancérologue : Bien. Selon le Q-TWiST de Megan...
Megan : Elle n’en a plus pour longtemps.
Cancérologue : Megan, il y a d'autres façons de se battre. C'est à vous de décider si ça en vaut la peine.
Sean : Vous pouvez nous laisser un instant?
Cancérologue : Certainement.
Sean : Allons parler de tout ça quelque part. Etudier nos options.
Megan : Je ne peux pas, Sean. Je suis épuisée. Je n’ai vraiment plus de force pour recommencer une chimio, je sais que ca ne servira a rien.
Sean : Très bien. On en parlera ce soir, une fois que tu te seras reposée. On avait prévu de faire un voyage pour fêter ta guérison et bien on va commencer par fêter un nouvel espoir.
Scène 4 : Bureau de Christian
Christian : M. Charles, dites-moi ce que vous n'aimez pas chez vous.
M. Charles : Voyons voir. J'aimerais être plus patient avec mes petits-enfants, je ne devrais pas prendre le golf autant au sérieux.
Mme Grubman : Chéri, nous ne sommes pas en psychanalyse. Le Dr Troy cherche à savoir si tu désires vraiment ce lifting scrotal. Si tu ne le fais pas juste pour moi.
M. Charles : Non bien sur, il n'est jamais trop tard pour prendre soin de soi. J'aimerais donner un coup de jeune à mon outil, combattre la gravité.
Mme Grubman : Il n'est pas chou? Dr Troy, veuillez noter. Nous désirons deux lits en salle de réanimation.
Christian : Pourquoi?
Mme Grubman : Il faudra me réanimer aussi. Après mon rajeunissement vaginal. Vous voyez, Dr Troy, ce n'est pas parce qu'avec Sumner, nous voulons vieillir ensemble que nous devons nous laisser aller. Une fois nus, nos sexes ressemblent a deux vieilles bougies entrain de fondre. Nous voulons nous rafraîchir avant le mariage.
Christian : Vous êtes fiancés? Mes félicitations.
Mme Grubman : je n’ai jamais été aussi comblé, et ca, dans tous les domaines.
M. Charles : D’ailleurs j’en profite pour vous remercier, c’est important pour un homme comme moi de reculer la déchéance, j’y suis très sensible.
Christian : Mme Grubman, nous sommes obligés et même enchantés d'effectuer toutes vos opérations esthétiques. Mais cela n'inclut ni vos amis, ni votre fiancé.
Mme Grubman : Oh, si, Dr Troy. Vous croyez que je vais me gêner pour appeler mon avocat la semaine prochaine ou même dans un an, pour lui dire : ''J'y vois clair à présent. ''Il nous faut poursuivre McNamara et Troy en justice ''et leur prendre jusqu'à leur dernier cent.''
M. Charles : Une vraie tigresse, non?
Christian : Votre fiancée est très incisive.
Mme Grubman : autant qu'un bistouri, ce qui, et j'en suis navrée, est un risque que je ne puis me permettre.
Christian : Pardon?
Mme Grubman : Bien entendu. Vous pouvez lifter ses testicules. Je me suis renseignée. Une simple retouche. Mais je vais demander au Dr McNamara de m'opérer. De cette façon, je suis à peu près sûre de ne pas me réveiller avec un cautère oublié dans mon utérus.
Scène 5 : Université, hall d’inscription
Femme : Ce chèque est non remboursable. Même si vous échouez au renouvellement de licence. Vous devez être conscient qu'en cas d'échec, il vous faudra bloquer cinq après-midis pour repasser l'examen, et vous ne pourrez plus exercer jusqu'à l'obtention.
Christian : Génial
Femme : N'oubliez pas votre tenue et vos instruments.
Merrill : Heureusement qu’il y a le renouvellement de licence tous les 10 ans, sinon on se verraient jamais. Je ne vous ai pas vus depuis...
Christian : La faculté. Le temps passe, les fronts se dégarnissent.
Sean : Tu veux bien arreter de dire n’importe quoi Christian, tu l'as vu plusieurs fois. Tu ne te souviens pas ? Les affiches publicitaires, celles où tu étais avec deux bimbos avec des airbags dans les seins. Classe, Merrill. Merci de contribuer à élever l'image d'une profession déjà compromise. Félicitations.
Merrill : Oh, miaou, Rentre tes griffes. Non, c'est vrai, tu ne peux pas. Comme je te vole tous tes clients, tu t'en sers pour chercher ta nourriture. Je vous préviens : je serai peut-être forcé de le dire si je te prends à copier sur moi. Triche discrètement
Scène 6 : Salle d’examens
Examinateur : Docteurs, veuillez vous présenter à vos patients.
Merrill : Super. Je me retrouve avec la grosse.
Examinateur : D'expérience, je sais que nombre d'entre vous trouvent qu'opérer des cadavres est une expérience impersonnelle et relativement perturbante. Avant de démarrer, si vous voulez bien, vous allez commencer par étudier le dossier médical de votre tête.
Christian : Age au décès : 46 Cause du décès : Infarctus
Sean : Adelle Coffin - Boynton Beach Née le 31/7 /25 - Age : 78 - Cause : Suicide
Examinateur : Oui?
Christian : Puis-je changer de tête, s'il vous plaît?
Examinateur : Pourquoi?
Christian : J'ai de grandes mains, et ceci est la tête d'une petite personne. Je vais avoir du mal à manipuler le crâne, vous comprenez?
Examinateur : Dr Troy, le nombre de corps donnés à la science est assez limité. Ca n'a pas été une mince affaire de trouver une tête par chirurgien. Il nous a fallu contacter 4 comtés pour être sûrs d'en avoir assez. Je suis désolé, mais il va falloir vous en arranger ………… Mesdames et messieurs, le premier examen est la rhinoplastie. Vous avez une heure. Commencez.
Scène 7 : Dans un restaurant
Sean : Nous ne sommes pas obligés d'en parler maintenant. Je suis allé à la fac de médecine à Atlanta avec ce type, qui allie une thérapie de potentialisation d'insuline avec ce nouvel actif, Ukrain.
Megan : C'est Debussy ou Scriabin? Je les confonds tout le temps.
Sean : Je n'écoutais pas.
Megan : Je sais …………. Ferme les yeux ………… Je jouais ça quand j'étais petite.
Sean : Megan, c'est très beau.
Megan : C'est drôle. Je n'écoute jamais la musique dans les restaurants.
Sean : Tu n'as pas eu affaire à des partenaires trop ennuyeux. J’ai entendu des symphonies entières pendant certains silences gênés …. Tu en veux?
Megan : Non, mais sers-toi.
Serveur : Excusez-moi, vous avez terminé?
Megan : Oui, merci.
Sean : Sûre? Tu as à peine touché à ton plat.
Serveur : Je le laisse si vous voulez.
Megan : Non, c'est parfait.
Sean : Tu veux l'emmener ? Tu auras peut-être faim plus tard. (Elle vomie)
Megan : Merde.
Sean : Désolé.
Serveur : Ce n'est rien. Nous nous en occupons.
Scène 8 : A l’extérieur du restaurant, Sean et Megan attendent leur voiture assieds sur un banc
Sean : Je n'aurais pas dû insister. Tu m'avais dit que tu étais fatiguée.
Megan : Tu plaisantes? Ca fait des années que j'essaie de réserver ici. Ca leur apprendra, à ces snobs. Au moins, c'était romantique.
Sean : Tout finira par s'arranger.
Megan : Tu sais, je ne le crois pas. Et toi non plus. Mon corps se fait comprendre très clairement à ce sujet. Vomissements incoercibles, perte de tous mes sens, diminution de la lucidité, augmentation spectaculaire de la douleur, et enfin, une mort assez atroce.
Sean : Je serai avec toi jusqu'au bout.
Megan : Il va devenir difficile de garder notre histoire secrète. Si tu te rues à mon chevet, Julia va finir par s'en apercevoir. Je ne veux pas d'une agonie interminable, Sean. Vraiment pas. Je veux partir en paix, et rapidement, je peux au moins contrôler ça.
Sean : C'est ce que nous espérons tous.
Megan : Je ne me contenterai pas d'espérer.
Scène 9 : Bloc opératoire
Christian : Cette salope est incroyable. Insinuer que je suis un mauvais chirurgien, tout en me faisant chanter. C'est toi qui as laissé une cautère dans son ventre, pas moi. J'ai fait de mon mieux sur la Grande Faucheuse. Sans moi, elle ferait son âge. Qu'elle aille se faire foutre. Je peux me tromper, mais je ne suis pas dénué de talent. Tu es peut-être le menuisier ici, mais c'est moi l'ouvrier du bâtiment. Je fais toutes les fondations sur lesquelles tu bâtis.
Sean : C'est exact.
Christian : Je vais réussir à mes examens. Je travaillerai plus, et serai plus vigilant. Je vais m'appliquer, ne pas me contenter de m'en tirer à coup de charme ….. Il faut qu'on change de tête.
Sean : Quoi?
Christian : Je n'arrive pas à manipuler cette tête de naine avec mes pattes.
Sean : Tu as opéré sur une tête à la faculté. Tu as réussi.
Christian : A la faculté, ils pardonnent les défauts de jeunesse. C'est plus dur pour le renouvellement de licence. La vérité, c'est que je sais refaire un nez, je suis génial pour les seins, mais c'est toi l'expert en chirurgie craniofaciale. Tu fais la plupart des liftings. Je ne suis pas expert. A chaque fois que j'en ai fait, c'était sous ta supervision. Que vais-je faire? Je dois réussir. Bobolit se moquerait de moi, et je donnerais raison à Grubman.
Sean : Il faut t'entraîner.
Christian : M'entraîner sur quoi, Sean, Mme Patate? Je ne peux pas réviser sur un cochon fœtal. ll n'y a qu'une chose à faire. Tuer Mme Grubman et m'entraîner sur elle.
Sean : De quoi ta tête est-elle morte?
Christian : Infarctus. Et la tienne?
Sean : Suicide. Tu crois au suicide, toi?
Christian : Je pense que si une personne en pleine souffrance physique ou spirituelle est au bout de ses ressources, il ne faut pas la juger pour autant. Il faut prier et espérer qu'elle trouve la paix qu'elle n'a pas eue sur terre ……. Je t'aiderai avec la cramouille, puis on s'occupe du Colonel.
Scène 10 : Salle de repos
Liz : Tu me pardonnes?
Christian : Tu m'as évité un procès pour négligence. Pourquoi ne pas te pardonner ?
Liz : Le simple fait que nous puissions coexister dans cette semi-haine, me comble de soulagement.
Christian : Les nouvelles sont intéressantes?
Liz : C'est mou. Un scandale à la préfecture de police. Une petite vieille sans-abri est morte.
Christian : Petite?
Liz : Jane Doe a été trouvée morte et personne ne l'a réclamée.
Christian : Meurtre?
Liz : Mort naturelle. Elle a dû vouloir se reposer, et elle est morte. La pauvre n'avait pas de papiers. Ils estiment qu'elle avait environ 80 ans.
Christian : Poids?
Liz : 45 kilos pour 1m52. Quelle tristesse
Scène 11 : Morgue
Homme : Si vous voulez voir des morts, vous venez d'abord me voir.
Christian : Bureau du coroner, Christian Troy. J'enquête sur Jane Doe, trouvée à la plage de South Beach.
Homme : Pièce d'identité?
Christian : J'ai dû la laisser chez moi.
Homme : Dommage.
Christian : Ecoutez, je suis ici pour raisons officielles.
Homme : Alors si c'est officiel, c'est très différent.
Christian : Que voulez-vous faire d'autre avec un cadavre?
Homme : On voit de tout dans ce monde. Il y a deux mois, j'ai attrapé un mec qui fourrait le cadavre de son ex. Il voulait le faire une fois sans avoir à subir ses critiques.
Christian : Personne ne s'est jamais plaint.
Homme : Je l'aurais parié. Pas avec votre look. Costume Gucci, Rolex, très classe, pour un coroner. Soit vous êtes banquier au noir, soit vous volez les morts. Dites-moi ce que vous voulez, ce que vous faites ici, ou j'appelle la sécurité pour leur dire qu'on a un souci avec un mannequin nécrophile de sexe masculin.
Christian : J'aime bien votre eau de Cologne. Lagerfeld?
Homme : J'appelle.
Christian : Très bien. Je fais de la chirurgie plastique.
Homme : Mon joli, c'est trop tard pour eux.
Christian : J'ai juste besoin d'une tête.
Homme : Très bien.
Christian : Pour m'entraîner. Je passe un examen, et si j'échoue, je suis foutu.
Homme : Merde. Vous voulez vous entraîner sur Jane Doe? Je suis toujours prêt à faire un marché.
Christian : je peux vous refaire les pectoraux.
Homme : Ils sont très bien comme ça. Je me suis fait chier pour en avoir des comme ça ………. Je n'ai jamais aimé mon menton ………………………… Vous avez une heure. Je passerai dans la semaine pour prendre rendez-vous.
Christian : Ca craint, de vieillir, tu ne trouves pas?
Scène 12 : Chambre d’hôtel.
Sean : Pas de photo de moi?
Megan : J'aurai des souvenirs de toi, tu auras des souvenirs de moi.
Sean : Nous pouvons en avoir plus. Nous pourrions aller à Paris.
Megan : J'ai toujours voulu voir Paris. Mais quand on ne peut marcher que quelques minutes, qu'on ne peut pas boire tout ce vin, qu'on ne peut faire l'amour, il ne reste que l'architecture. Et je ne suis pas une passionnée d'architecture.
Sean : Mais tu aimes ce motel en bord de mer.
Megan : Non. J'aime cette chambre. C'est le dernier endroit où j'ai été heureuse. Le dernier endroit où j'ai eu de l'espoir. Tu sais ce que le médecin a dit, Sean. Il n'y a plus d'espoir. Tout ce à quoi je peux prétendre, c'est la dignité, et un joli coucher de soleil demain.
Sean : Je t'en empêcherai.
Megan : Ce n'est pas à toi de décider.
Sean : Je viens juste de te trouver.
Megan : Et tu vas me laisser partir. Je ne crains pas la mort, Sean. Je crains l'agonie.
Sean : Je ne peux cautionner ça, ni t'aider, Megan. Tu as décidé ça sur le coup.
Megan : C'est la bonne décision. C'est comme dans un parc d'attractions, quand on est enfant, et qu'on est heureux comme jamais. Glaces, montagnes russes et peluches. Il se fait tard, on supplie les parents de rester encore un peu. On promet d'être sage, de faire tout ce qu'ils veulent. Alors ils disent : ''D'accord.'' Mais alors, on a du mal à grimper les escaliers, on a mal au ventre, et les files d'attente sont trop longues. Et on se met à pleurer …………………….. Ca n'est plus amusant. Et la voix de maman dit : ''Megan, quand comprendras-tu que trop, c'est trop?''
Scène 13 : Salle d’examens
Examinateur : Nous commencerons par une incision bi coronaire. Commencez …………….. Un problème, Dr Troy ?
Christian : Non, Dr Hiroshi. Aucun problème.
Examinateur : J'espère que vous finirez mieux que ça.
Tête de Sean : Tu peux me faire les yeux ensuite? Je hais ces pattes d'oie.
Sean : Je suis sous pression.
Tête de Sean : Comme d'habitude.
Sean : Vous ne parlez pas. C'est mon subconscient.
Tête de Sean : C'est toujours comme ça avec les intellectuels. C'est pratique, cette façon de penser, pas vrai, Sean? Quand on opère sur des morts, ou qu'on essaie d'empêcher sa petite amie de se tuer.
Sean : La ferme !
Tête de Sean : Je te dérange dans ton travail?
Sean : Je ne vous entends pas.
Tête de Sean : La mort est une illusion, Sean. Seul l'amour demeure. Sache que ton amour pour Megan durera après son départ. Comme ton amour pour Julia, d'ailleurs, quand elle saura que tu as aidé ton amie à se tuer, et qu'elle demandera le divorce.
Sean : Elle n'en saura rien. Je ne tuerai personne.
Tête de Sean : Très bien. On peut parler d'autre chose. Concentre-toi sur ta tâche, mon cher.
Sean : Je vais soulever le front à présent.
Tête de Sean : Génial ! Soulève tout ce que tu veux !
Sean : Cancer ? Comme Megan?
Tête de Sean : Non, chéri. C'était les vomissements. Ma vie m'ennuyait tellement que j'ai décidé d'en finir. J'ai rassemblé toutes les petites pilules de ma mère, et les ai avalées avec un martini. Ce qu'ils ne disent pas, c'est que les pilules et l'alcool vous font vomir presque à tous les coups. Ma gorge était tout abîmée. Aide Megan, Sean.
Sean : Non.
Tête de Sean : Donne-lui un verre de lait froid pour son estomac, pour qu'elle ne subisse pas d'humiliation comme au restaurant. N’oublie pas le sac plastique.
Sean : Non.
Tête de Sean : C'est impératif quand on se suicide. Les pilules et l'alcool donnent une mort intolérablement lente. Mais avec un sac sur la tête une fois les pilules avalées, c'est le paradis ! Le manque d'oxygène fait voir toutes ces couleurs. Des couleurs belles, merveilleuses, éclatantes. Et on peut partir en paix, comme dans un rêve. Tu dois le faire. Lui mettre un sac.
Examinateur : Fin de l'épreuve.
Scène 14 : Chambre d’hôtel, Megan écrit des lettres.
Megan : Chère Molly, Au revoir ………… Au revoir. Avec tout mon amour, Megan ……….
Elle se met dans le lit et aval tous ses médicaments avec un verre de lait.
Megan : Adieu mon chevalier a la triste figure, c’est toi qui vas me manquer le plus ……….. Rends-moi service.
Sean : Tout ce que tu veux.
Megan : Rappelle-toi le début et le milieu de notre histoire. Oublie la fin ……. Merci d’avoir existé.
Elle prend les derniers médicaments et s’endort paisiblement sa main dans celle de Sean.
Scène 15 : Maison de Sean, chambre parentale
Julia : De quoi est-elle morte?
Sean : D'un cancer.
Julia : Les implants ont-ils causé la récidive ou...
Sean : Les chances que ça arrive sont faibles. On ne peut jamais savoir. Je l'avais informée des risques.
Julia : Son mari était-il avec elle?
Sean : Ils étaient séparés. Je ne sais pas.
Julia : Ton costume est prêt. J'irai chercher tes chemises au pressing.
Sean : Merci.
Julia : J'aimerais venir avec toi.
Sean : Tu ne la connaissais pas.
Julia : Toi oui. Il est clair que la mort de cette patiente te touche beaucoup. J'aimerais t'aider. Ce n'est pas ta faute, Sean, statistiques où non. Je prendrai mon après-midi demain. Je ne veux pas que tu y ailles seul.
Scène 16 : Salle d’examens
Examinateur : Très joli, Dr Troy. C'est bon.
Tête de Sean : Tic-tac, Sean. Quand c'est l'heure, c'est l'heure. Moi, Megan. Ne te fais pas coller, jeune génie.
Sean : Taisez-vous. Je dois me concentrer.
Tête de Sean : Tu as aidé Megan à ne plus souffrir. Et ta souffrance?
Sean : S'il vous plaît.
Tête de Sean : Et ta relation avec ta femme? Elle vient à l'enterrement. Tu ne pouvais pas refuser. Elle se serait doutée de quelque chose. Si c'est pas merveilleux, tout ça ! Comme tu es faible comme tu mens.
Sean : Vous êtes cruelle.
Tête de Sean : Je ne te dis que ce que tu sais déjà. Soyons honnêtes. Je sais, tu es très triste, mais tu n'es pas un tout petit peu heureux?
Sean : Je vais vous coudre la bouche, je le jure.
Tête de Sean : N'es-tu pas ravi de ne pas t'être fait attraper ?
Sean : Je ne l'ai pas tuée.
Tête de Sean : Tu ne t'es pas fait prendre pour ta liaison. Vous êtes comme tous les hommes, un lâche, et ca, elle le savait ! Vous devriez vous greffer une paire de couille. Dis-moi si je me trompe, mais on te retirerait ta licence, si on t'avait vu sur la scène du crime.
Sean : Personne ne sait. Elle a été trouvée ce matin.
Tête de Sean : Bien sûr. Toutes ces lettres émouvantes, on ne se posera aucune question. Elle était malade. Son heure était venue. De plus, ainsi, ta femme n'en saura rien. J'adore.
Sean : Fermez-la.
Tête de Sean : Pas la moindre trace de maîtresse.
Sean : J'ai dit la ferme !
Tête de Sean : Quelle ironie. Au lieu de soulager ta douleur, ta liaison avec Megan O'Hara n'a fait que l'empirer. La vie n'est qu'une longue suite de coups de pied aux fesses.
Sean : Mais fermez-la !
Il renverse tous ses instruments et quitte la salle.
Scène 17 : A l’extérieur
Christian : Sean !
Sean : Laisse-moi.
Christian : Qu'est-ce qui s'est passé?
Sean : Elle est morte !
Christian : J'espère bien !
Sean : Megan. Elle s'est tuée. Nous étions amants, il y a eu une récidive, elle s'est suicidée.
Christian : Ca va aller.
Sean : Non, ça ne va pas aller. Tu ne comprends donc pas? Ca n'est pas toi qui es nul, Christian, c'est moi. C'est moi qui ai menti et triché. Je l'ai laissée mourir ! J'aurais dû être fort, mais je suis faible.
Christian : Tu ne peux pas partir. Reviens passer ton examen.
Sean : Je n’en ai rien à foutre du test ! Je me fous de tout.
Scène 18 : Enterrement de Megan
M. O’Hara : Ma femme était folle. C'est pour ça que je l'aimais. Elle me poussait à faire des choses qui me faisaient peur. Elle ne connaissait pas la peur. A notre premier rendez-vous, elle est passée me prendre dans son affreuse MG citron vert, et m'a dit qu'on partait faire du deltaplane. J'ai cru qu'elle plaisantait. Ce n'était pas le cas. Je n'ai jamais remporté un jeu de Scrabble contre ma femme. Elle m'a enseigné la différence entre une papaye et une asclépias tubéreuse. Sur le tableau de notre cuisine, elle écrivait un nouveau mot tous les jours pour que je l'apprenne. Elle m'a forcé à m'améliorer. C'est ça, le mariage. Pour le meilleur et pour le pire. Megan, tu as triché. Tu m'avais promis, pour le meilleur et pour le pire, souviens-toi. Je méritais de vivre le pire à tes côtés. J'en avais le droit.
Homme : Ca va aller ……………. Megan a demandé que ses cendres soient jetées à l'océan. Afin que son esprit soit libéré à jamais. Elle désirait que ceux qu'elle aimait l'aident à se libérer. C'est ce que nous allons faire …………………………………………………………………..
Scène 19 : Maison de Sean, dans le salon
Julia : Je vais faire du café. Tu en veux?
Sean : Non, merci.
Julia : Je commande quelque chose à manger ?
Sean : Je n'ai pas faim.
Julia : Tu as eu une liaison avec elle?
Sean : Oui …………………….
Julia : Ne me touche pas, je t'en prie. Quand est-ce que ça a commencé?
Sean : Après que tu as perdu le bébé. Quand tu as commencé à coucher avec Jude.
Julia : Je n'ai pas couché avec Jude.
Sean : Ne t'encombre pas d'un mensonge, Julia.
Julia : Comme tu le fais depuis des mois?
Sean : J'ai trouvé la photo dans ton livre.
Julia : Tu as fouillé dans mes affaires?
Sean : Oui. J'ai trouvé la photo d'un garçon à peine plus vieux que ton fils, quasi-nu. Et je t'ai haïe pour ce que tu avais fait. Et je savais. Je me suis tourné vers quelqu'un qui puisse me consoler. C'est ce qu'elle a fait.
Julia : Je n'ai pas couché avec lui.
Sean : C'est faux. Je sais...
Julia : Est-ce que j'ai été tentée? Oui, c'est vrai, et j'en ai honte. Mais c'est toi que je désirais le plus. Quand le moment est venu, je n'ai rien fait ……………… Tu l'aimais?
Sean : Oui.
Julia : Est-ce que tu m'aimes encore?
Sean : Plus que tu ne le crois.
Julia : Seigneur ! C'est comme ça que tu le montres, Sean? C'est ainsi que tu récompenses ma fidélité, ma patience, le sacrement de notre mariage, de nos enfants, en baisant une autre femme? Seigneur, même ta liaison est une relation passive-agressive.
Sean : Que veux-tu dire?
Julia : Elle est morte, Sean. D'une mort horrible. Et je ne peux détester une femme morte d'un cancer à 36 ans.
Sean : Frappe-moi. Tu en as envie. Je le mérite. Fais-le. Pas d'assiette à portée de main, frappe-moi !
Julia : Je n'en ai pas l'énergie, Sean. Ni celle de te détester, ni celle de t'aimer. Mais tu me dois une chose. C'est tout ce que je veux savoir. Qu'est-ce qu'elle t'apportait de plus que moi?
Sean : Elle voyait ce qui est bon en moi, Julia. Le potentiel, les espoirs. Chaque fois que tu me regardes, je le vois dans tes yeux. Tout ce que je vois, ce sont des regrets. N'ai-je pas raison?
Julia : Si. Pour nous deux. Nous étions si heureux, Sean. On pouvait tout faire, à deux. Pendant notre nuit de noces, je n'ai pas pu dormir. Je ne pouvais que te regarder. J'étais si amoureuse de toi. L'avenir était plein de promesses. Maintenant, tout est fini, tout n'est que cendres, comme Megan. Et ça me brise le cœur.
Sean : Je ne veux pas te perdre aussi, Julia.
Julia : Nous nous sommes perdus il y a longtemps, Sean.
Sean : Je suis tellement désolé.
Fin